Rodolphe Engel avait étudié la médecine à Strasbourg et avait fait partie d’un corps de francs-tireurs durant la Guerre de 1870. Après une période de captivité, il avait suivi sa famille à Nancy et avait été nommé préparateur de chimie à la Faculté des sciences de Nancy. C’est à cette époque qu’il avait rencontré le chimiste Albin Haller qui devait entrer dans la famille Poincaré en épousant Lucie Comon. En 1872, Engel avait obtenu une licence ès sciences physiques puis il avait soutenu l’année suivante une thèse de médecine, devenant ainsi le premier docteur diplômé dans la nouvelle faculté de médecine créée en 1872, après l’annexion de Strasbourg. En 1874, il obtint le titre de pharmacien de première classe avant de soutenir, en 1875, à Paris, une thèse de doctorat ès sciences devant un jury composé de Jules Jamin, Louis Troost et Adolphe Wurtz (Contributions à l’étude des glycolles et de leurs dérivés [R. Engel 1875]). Après sa thèse il fut pendant quelque temps le suppléant du père de René Blondlot, Nicolas Blondlot (1808-1877), à la Faculté de médecine de Nancy. Concluant un parcours brillant, il obtint en 1876 l’agrégation de médecine à Paris et, en 1877, la chaire de chimie médicale et de pharmacie à la Faculté des sciences de Montpellier. En 1889, il fut finalement nommé professeur de chimie analytique à l’École centrale des arts et manufactures. Ses travaux de chimie médicale lui valurent de nombreux prix et honneurs et il fut notamment président de la Société francaise de chimie en 1900. Un de ses ouvrages didactiques, Nouveaux éléments de chimie médicale [R. Engel 1878], connut quatre éditions. Pour plus de détails sur son parcours de carrière et ses travaux voir [L. Lestel 2008] Cette courte lettre semble indiquer qu’Engel était proche de la famille Poincaré et qu’il transmettait des colis à Henri Poincaré lors de ses déplacements vers Paris. La suite de la correspondance semble d’ailleurs indiquer qu’il résidait dans la même pension que Poincaré en 1875-1876.