LettreHenri Poincaré à Eugénie Poincaré - janvier 1874

[Janvier 1874]

Ma bonne maman,

Je dois aller demain à Asnières avec Mme Rinck et dîner le soir chez Mme Bataille. Maintenant je vais te raconter ce qui s’est passé pour Mme Brice. Elle avait chargé Pinat, un cocon qu’elle connaît de m’inviter pour le dimanche en 8 disant que si cela ne se pouvait pas, elle remettrait de 8 jours. Or Pinat avait accepté sans songer que c’était le jour de son dîner de salle. De sorte qu’en m’invitant il n’eut rien de plus pressé que de me prier de refuser. Il a donc écrit à Mme Brice que je ne pourrais pas venir. Voici maintenant ce qu’il y a pour les exams de février ; le temps de pioche commencera dans trois semaines, d’après ce que dit Bonnet ; les calculs relatifs aux amphis et aux épures semblent indiquer la même limite. Le temps de pioche durera ainsi trois semaines. Je ne pourrai probablement partir que le samedi soir.

Maintenant je vais te raconter l’histoire de Roger1. À peine étions-nous arrivés à Versailles que Jenny lui dit, comment c’est toi qui nous écrit des lettres aussi insensées que cela. Épatement de Roger. Alors elle lui dit qu’elle a reçu une lettre avec des détails assez précis sur Mme Berger, l’écriture et la signature de Roger très bien imitées, qui disait en substance : « ma chère tante, je regrette de n’avoir pu venir vous voir dimanche dernier ; mais j’étais tout occupé à mon installation ; mon père a pris le meilleur parti ; il m’a mis externe au Lycée St Louis ; j’ai loué une chambre, rue Racine 10 et je suis tout disposé à bien travailler ». Mais ce qu’il y a de plus drôle c’est que la lettre a été mise à la poste du cardinal Lemoine, un jour où Roger n’est revenu ou dit n’être revenu de Neuviller qu’à 10 h 10 du soir.

Hadwin qui ? ? ?

Hadwin quoi ? ? ?

Hadwin qu’est-ce ? ? ?

Hadwin, mystère, mystère ? ? ?

Il y avait là chez Mme Berger une dame d’officier qui faisait sa poire2 et un tas de marmaille. La dame racontait que les vieilles douairières de Versailles ne pouvaient pas pardonner à Mac3 d’avoir renvoyé M. de Chambron qui avait une femme jeune et infirme qui recevait toute la journée et qu’elles répandaient toute espèce de cancans sur M. et Ml Limbourg4.

J’embrasse tout le monde.

Henri

 


  1. Poincaré raconte ici une anecdote familiale peu claire concernant son cousin Roger Berment. Les parents de celui-ci habitaient Neuviller-sur-Moselle, une commune située au sud de Nancy.

  2. Faire sa poire : faire le difficile, faire des façons.

  3. Patrice de Mac Mahon.

  4. Il s’agit peut-être de la famille du préfet François Henri Gustave Limbourg

Titre
Henri Poincaré à Eugénie Poincaré - janvier 1874
Incipit
Je dois aller demain à Asnières avec Mme Rinck ...
Date
1874-01
Identifiant
L1874-01g-HP_EP
Adresse
Nancy
Lieu
Paris
Sujet
fr Examens intermédiaires et finaux
fr Visites familiales et amicales
Chapitre
Eugénie Launois
Lieu d’archivage
Private collection 75017
Type
fr Lettre autographe signée
Section (dans le livre)
2
Droits
Archives Henri Poincaré
Nombre de pages
3
Mots d'argot polytechnicien cités
Cocon
Salles
Pioche
Noms cités dans l'apparat
Poincaré, Henri (1854-1912)
Famille Limbourg
Numéro
032
Langue
fr
Éditeur
Archives Henri Poincaré
Laurent Rollet
Licence
CC BY-ND 4.0

« Henri Poincaré à Eugénie Poincaré - Janvier 1874 ». La Correspondance De Jeunesse d’Henri Poincaré : Les années De Formation, De l’École Polytechnique à l’École Des Mines (1873-1878). Archives Henri Poincaré, s. d, Archives Henri Poincaré, s. d, La correspondance d'Henri Poincaré, consulté le 28 mars 2024, https://henripoincare.fr/s/Correspondance/item/3673