LettreHenri Poincaré à Eugénie Poincaré - février 1875

[Février 1875]

Ma chère maman

J’ai eu mardi une colle dont j’ignore le résultat. C’était avec un lieutenant de vaisseau1 qui arrivait des antipodes par le train du matin. On ne peut donc rien prévoir, puisqu’on ne connaît pas du tout le type. Quant au tableau des notes, il est incomplet, Bonnefoy a eu en tout trois 19, un dans chaque matière, et vous n’en avez marqué qu’un2 ; je ne gagne donc sur lui qu’environ 1 demi point de moyenne, c’est à dire la moitié de ce qu’il faudrait. Il faut attribuer cela d’abord à mon 16, puis à l’astro [l’astronomie], qui est une science où le gigon est impossible.

Je suis en train de faire au crayon un dessin que j’ai fait à la plume dans le temps. Nous allons faire un nouveau genre de dessin appelé lavis théorique ; nous ne savons pas encore ce que cela sera. J’ai commencé à apprendre l’anglais3. Mais il faut que je me dépêche pour les rattraper.

Je suis sorti hier ; j’ai d’abord été chez M. Transon chez qui je n’avais pas encore été ; je ne l’ai pas trouvé ; j’ai été ensuite chez M. Rinck avec qui j’ai été faire un tour ; rien de particulier ; le soir j’ai été dîner chez Mme Vallet ; M. Olleris n’a pas pu venir parce qu’il avait eu mal à la tête dans la journée ; nous l’avons revu le soir ; il allait mieux. Hier, bal à l’Élysée ; il n’y a eu que 4 types schicksalés dans chaque promoss [promotion].

 


  1. Il s’agit sans doute de Gustave Adolphe Salicis dont Poincaré parle quelque temps après dans ses lettres.

  2. La mère de Poincaré tenait depuis longtemps un cahier dans lequel elle consignait les succès de son fils et ce passage confirme qu’elle continuait à le faire de manière très suivie durant les années 1873-1875.

  3. Cette référence aux cours d’anglais est difficile à comprendre. Les relevés de notes de Poincaré à l’École polytechnique mentionnent bien des cours d’allemand mais, bien que certaines lettres fassent état d’examens dans cette matière, on n’y trouve aucune trace de cours d’anglais. En réalité, l’enseignement d’anglais ne devait pas apparaître dans l’école avant le début du 20e siècle. Toutefois, on peut supposer que Poincaré prenait des leçons avec un maître-externe qu’il payait sur ses propres deniers. Le recours à ces maîtres-externes était très courant vers 1900 – pour les langues étrangères, l’escrime ou la musique – et ceux-ci pouvait même être autorisés à donner leur cours dans l’enceinte de l’école.

Titre
Henri Poincaré à Eugénie Poincaré - février 1875
Incipit
J'ai eu mardi une colle dont j'ignore le résultat. ...
Date
1875-02
Identifiant
L0134
Adresse
Nancy
Lieu
Paris
Sujet
fr Examens intermédiaires et finaux
fr Colles et examens (polytechnique)
fr Visites familiales et amicales
fr Bal de l’Élysée
Lieu d’archivage
Private collection 75017
Type
fr Lettre autographe
Section (dans le livre)
3
Droits
Archives Henri Poincaré
Nombre de pages
2
Mots d'argot polytechnicien cités
Colle
Gigon / Gigonnaire / Gigonner
Schicksale / Schicksaler
Numéro
134
Langue
fr
Éditeur
Archives Henri Poincaré
Laurent Rollet
Licence
CC BY-ND 4.0

« Henri Poincaré à Eugénie Poincaré - février 1875 ». La Correspondance De Jeunesse d’Henri Poincaré : Les années De Formation, De l’École Polytechnique à l’École Des Mines (1873-1878). Archives Henri Poincaré, s. d, Archives Henri Poincaré, s. d, La correspondance d'Henri Poincaré, consulté le 19 avril 2024, https://henripoincare.fr/s/Correspondance/item/3774