LettreLéon Bourgeois à Henri Poincaré, 04 juin 1902
Paris, le 4 juin 1902
République Française
Ministère de la Guerre, État-Major de l’Armée
Service Géographique, 140, Rue de Grenelle
Section de Géodésie
Monsieur et Cher Camarade,
Je connais par les Comptes rendus de l’Académie (1897), l’appareil de M. Brillouin.1 Tout y repose, au fond, sur l’invariabilité de la marche du chronomètre, chose difficile à réaliser en Équateur, avec un chronomètre que l’on transporte et qui certainement changera fréquemment de marche; il faudra donc toujours emporter avec soi de quoi faire une station astronomique.2
D’autre part, j’ai étudié ces temps derniers avec M. Blumbach, astronome russe venu à Paris avec M. Mendeleif pour y déterminer l’intensité de la pesanteur, l’appareil von Sterneck. J’ai été amené à conclure que cet instrument, avec tous ses accessoires, était aussi lourd que le pendule relatif de Defforges3; il est de plus beaucoup plus délicat et la méthode d’observation me paraît moins sensible et moins bonne que la notre. De plus il faut toujours aussi emporter une horloge et en déterminer la marche.
De tout cela résulte que la meilleure solution consistera probablement à opérer avec ce que nous avons, quitte à remplacer la machine pneumatique, le cas échéant, par une pompe à main, et à faire un vide moins parfait, et à employer le cercle méridien le plus portatif que nous pourrons trouver, en subdivisant les colis le plus possible.4
J’écrirai à M. Brillouin pour voir son appareil lundi ou mardi prochain, et vous ferai savoir par le Général Bassot ce que j’en penserai après l’avoir vu, au point de vue spécial de nos opérations en Équateur.5
Agréez, Monsieur et Cher Camarade, l’assurance de mon respect.
Apparat critique
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Sur l’expédition française à Quito, voir Galison (2003, 191) et Schiavon (2006).↩︎
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Il s’agit de Gilbert Defforges (1852–1915). Sur le pendule : G. Defforges : “Sur l’intensité de la pesanteur”, Gauthier-Villars et fils, 1888, 53 p. ↩︎
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A propos des mesures d’inténsité de la pesanteur et l’installation d’une station d’observation, voir Schiavon (2003, chap. 2).↩︎
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Le général Léon Bassot, membre de la section de géographie et navigation de l’Académie des Sciences et de la commission académique qui suit les travaux de mesure d’un arc de méridien en Amérique du Sud, est le directeur du Service géographique de l’armée Schiavon (2003, chap. 2).↩︎
Références
Brillouin, Marcel Louis. 1897. “Appareil léger pour la détermination rapide de l’intensité de la pesanteur.” Comptes Rendus Hebdomadaires Des Séances de L’Académie Des Sciences 125: 292–93.↩︎
Galison, Peter. 2003. Einstein’s Clocks and Poincaré’s Maps: Empires of Time. New York: Norton.↩︎
Schiavon, Martina. 2003. “Itinéraires de la précision : géodésiens, artilleurs, savants et fabricants d’instruments en France, 1870–1930 (environ).” PhD thesis, École des hautes études en sciences sociales.↩︎
Schiavon, Martina. 2006. “Les officiers géodésiens du Service géographique de l’armée et la mesure de l’arc de méridien de Quito (1901–1906).” Histoire & Mesure 21: 55–94.↩︎
- Titre
- Léon Bourgeois à Henri Poincaré, 04 juin 1902
- Incipit
- Je connais, par les Comptes rendus ...
- Date
- 1902-06-04
- Expéditeur
- Bourgeois, Robert (1857-1945)
- Destinataire
- Poincaré, Henri (1854-1912)
- Adresse
- Paris
- Lieu
- Paris
- Chapitre
- Robert Bourgeois
- Lieu d’archivage
- Private collection 75017
- Type
- fr Lettre autographe signée
- Section (dans le livre)
- 1
- Identifiant dans les archives locales
- CD n° 172
- Droits
- Archives Henri Poincaré
- Nombre de pages
- 3
- Est une partie de
- La correspondance entre Henri Poincaré, les astronomes et les géodésiens
- Langue
- fr
- Éditeur
- Archives Henri Poincaré
- Licence
- CC BY-ND 4.0
« Léon Bourgeois à Henri Poincaré, 04 Juin 1902 ». La Correspondance Entre Henri Poincaré, Les Astronomes Et Les géodésiens. Archives Henri Poincaré, s. d, Archives Henri Poincaré, s. d, La correspondance d'Henri Poincaré, consulté le 19 avril 2024, https://henripoincare.fr/s/Correspondance/item/6006