LettreHervé Faye à Henri Poincaré, 27 octobre 1900

Paris 27 octobre 1900

Cher et illustre Confrère,

J’ai été frappé d’entendre raconter par un des invités de la Grande Chancellerie1, l’éloge que vous avez bien voulu faire d’un de mes travaux à l’occasion de l’Arc du Pérou.2 J’ai bien regretté de ne pouvoir assister moi-même à cette Séance Publique empêché que j’étais par le désir d’aller le soir même à la réunion du Grand Chancellier3 et l’impossibilité de m’absenter deux fois dans la même journée.

J’ai reçu depuis, d’autres personnes dont l’opinion a pour moi beaucoup de valeur, l’assurance des bons sentiments que vous avez bien voulu exprimer pour moi en public en cette occasion.

Agréez donc mon cher Collègue mes biens vifs remerciements avec tous mes sentiments dévoués.

H. Faye


 Apparat critique

  1. C’est le lieu où le chancelier de France demeure ordinairement ou encore le corps des officiers dont se compose la chancellerie (le chancelier, le garde des sceaux et les autres officiers de la Légion (http://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_chancellerie_de_France, consulté juillet 2008).↩︎

  2. Il s’agit de la mesure d’arc que les officiers du Service géographique de l’armée s’apprètent à réaliser en Equateur (1901-1908). Dans son rapport du 23 juillet 1900, Poincaré rappelle que Faye a donné une explication aux mesures du pendule réalisées lors des opérations géodésiques. En effet, ces mesures donnent, à cette époque, des résultats toujours trop faibles sur les continents et trop fort sur les îles. Selon Faye, tout se passe comme si les masses continentales n’existaient pas : les mers étant une cause de refroidissement, le globe se serait refroidit plus vite sous les mers. La croûte solide serait donc plus épaisse sous les océans que sous les continents ; c’est ainsi que se seraient formées sous les continents des sortes des cloches où les gaz se seraient accumulés au-dessus de la masse liquide interne. Ces vides compeseraient alors l’effet de l’attraction de la masse continentale, résultat confirmé par certaines mesures réalisées à l’époque dans les Alpes et l’Himalaya. Lors de la nouvelle mesure d’un arc de méridien en Equateur, les savants français veulent constater ce qui se passe dans les Andes (H. Poincaré, ”Rapport sur le projet de l’arc de méridien de Quito”, Comptes rendus de l’Académie des Sciences, séance du 23 juillet 1900, 1900, 131–2, p. 215–236. Les communications de Faye sur ce sujet sont contenues dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences pour l’année 1886, notamment : H. Faye,”Sur les rapports de la Géodésie avec la Géologie”,Comptes rendus de l’Académie des Sciences, t. 103, 1886, p. 99-103 et p. 295-299. Sur les relations de la géodésie avec l’intensité de la pesanteur : Schiavon (2003 ch. 1). Sur la mesure d’arc au Pérou : Galison (2003) et Schiavon (2006).↩︎

  3. Il s’agit du général de division Léopold Davout, duc d’Auestaedt (1829-1904). Le Grand Chancelier de la Légion d’honneur est choisi parmi les grands croix par le président de la République et a la charge de tous les problèmes liés aux décorations en France. Il est assisté d’un conseil réunissant des membres divers de la Légion, civil et militaires, à partir du grade de commandeur (Liste des grands chanceliers de la Légion d’honneur sur : http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_grands_chanceliers_de_la_Légion_d'honneur, consulté en juillet 2008 ; www.legiondhonneur.fr/flash/findex.html, consulté en juillet 2008).↩︎


Références

Galison, Peter. 2003. Einstein’s Clocks and Poincaré’s Maps: Empires of Time. New York: Norton.↩︎

Schiavon, Martina. 2003. “Itinéraires de la précision : géodésiens, artilleurs, savants et fabricants d’instruments en France, 1870–1930 (environ).” PhD thesis, École des hautes études en sciences sociales.↩︎

———. 2006. “Les officiers géodésiens du Service géographique de l’armée et la mesure de l’arc de méridien de Quito (1901–1906).” Histoire & Mesure 21: 55–94.↩︎

Titre
Hervé Faye à Henri Poincaré, 27 octobre 1900
Incipit
J'ai été bien frappé d'entendre raconter par un des invités de la Grande Chancellerie, l'éloge ...
Date
1900-10-27
Adresse
Paris
Lieu
Paris
Chapitre
Hervé Faye
Lieu d’archivage
Private collection 75017
Type
fr Lettre autographe signée
Section (dans le livre)
1
Droits
Archives Henri Poincaré
Nombre de pages
2
Langue
fr
Licence
CC BY-ND 4.0

« Hervé Faye à Henri Poincaré, 27 Octobre 1900 ». La Correspondance Entre Henri Poincaré, Les Astronomes Et Les géodésiens. Archives Henri Poincaré, s. d, Archives Henri Poincaré, s. d, La correspondance d'Henri Poincaré, consulté le 25 avril 2024, https://henripoincare.fr/s/correspondance/item/10935