LettreHenri Poincaré à Eugénie Poincaré - 11 novembre 1873

11 Novembre 1873

Ma bonne maman,

Il ne s’est passé depuis hier aucun événement extraordinaire. Comme des cadenas avaient été forcés par des anciens, j’ai envoyé un topo à Badoureau1, et il est venu ce matin dans ma salle me disant qu’il avait fait passer le topo chez les anciens. Je me suis encore dévissé ce matin pour les tribunes auprès du capitaine Mayeux2. Je demandais en même temps que les élèves qui vont en colle soient exemptés d’exercices ; mais on ne me l’a pas accordé, disant simplement que maintenant on ferait faire séparément l’exercice à chaque compagnie pendant une heure chacune. Je m’en vais écrire à Albert3 pour lui donner un rendez-vous à Versailles. J’ai vu Pinat4 qui m’a parlé de Madame Brisse5. J’ai vu aussi Élie6, Octave7, Millot8, Davau9, etc. Les anciens m’ont fait10 mon Riffaut et ma bouteille d’encre de Chine, ce qui m’a obligé à redébourser 1 franc hier au dessin. Tu vois que les événements ne se pressent pas.

Je t’embrasse ; j’embrasse aussi papa, Aline, la mémère11, la tante Minette12, etc., etc.

Henri


  1. Albert Badoureau était le major de la promotion 1872 de l’École polytechnique, ce qui lui conférait des responsabilités spéciales vis-à-vis de ses camarades.

  2. Poincaré fait référence au capitaine Mahieu (et non Mayeux), un capitaine du génie qui jouait, avec d’autres collègues du même grade, le rôle d’inspecteur des études. Traditionnellement, l’École polytechnique comptait plusieurs capitaines issus de différentes armes (génie, artillerie, marine) et chargés de la surveillance, de la discipline et de l’instruction militaire des élèves (il y en avait 4 en 1873). Les élèves de l’école appelaient ces inspecteurs les pitaines. Par extension ce terme, lorsqu’il était suivi du mot désignant une fonction, était donné à tout agent chargé d’une forme de surveillance ; ainsi le pitaine Bouquin était l’agent qui distribuait les livres à la bibliothèque [G. Pinet & A. Lévy 1894].

  3. Il s’agit probablement d’Albert Gille, un ami très proche de Poincaré à Nancy et un compagnon de mathématiques spéciales.

  4. Charles Eugène Pinat.

  5. Les références à la famille Brisse sont fréquentes dans la correspondance de jeunesse de Poincaré. Un de ses camarades de promotion à l’École polytechnique s’appelait Eugène Brisse.  On peut supposer que c’était dans la famille de celui-ci que Poincaré se rendait très fréquemment durant ses jours de sortie. Cependant, il est possible d’évoquer une autre possibilité. Il pourrait aussi s’agir de la famille de Charles Brisse .

  6. Élie Rinck était un ami très proche d’Henri Poincaré.

  7. Octave Barré.

  8. Jean Baptiste Henry Millot était entré à l’École polytechnique en 1872 et avait fait ses études au lycée de Nancy.

  9. Gabriel Davau.

  10. Fait : volé.

  11. Il s’agit de la grand-mère maternelle de Poincaré, Euphrasie Launois.

  12. Il s’agit d’Hélène Antoinette Poincaré, la sœur de Jacques Nicolas Poincaré, grand-père paternel de Poincaré.

 

Titre
Henri Poincaré à Eugénie Poincaré - 11 novembre 1873
Incipit
Il ne s’est passé depuis hier aucun événement extraordinaire.
Date
1873-11-11
Identifiant
L1873-11-11-HP_EP
Adresse
Nancy
Lieu
Paris
Sujet
fr Affaires diverses (polytechnique)
Type
fr Lettre autographe signée
Section (dans le livre)
1
Droits
Archives Henri Poincaré
Nombre de pages
2
Mots d'argot polytechnicien cités
Ancien
Topo
Salles
Dévisser / Dévissage
Colle
Riffault
Numéro
0002
Éditeur
Archives Henri Poincaré
Laurent Rollet
Licence
CC BY-ND 4.0

« Henri Poincaré à Eugénie Poincaré - 11 Novembre 1873 ». La Correspondance De Jeunesse d’Henri Poincaré : Les années De Formation, De l’École Polytechnique à l’École Des Mines (1873-1878). Archives Henri Poincaré, s. d, Archives Henri Poincaré, s. d, La correspondance d'Henri Poincaré, consulté le 24 avril 2024, https://henripoincare.fr/s/correspondance/item/12531