LettreHenri Poincaré à Eugénie Poincaré - 13 novembre 1873
Jeudi [13 novembre 1873]
Ma bonne maman,
Je ne t’ai pas écrit depuis lundi et depuis j’ai fait des choses qui n’auront peut-être pas ton approbation ; mais je ne les regrette pas parce que je ne pouvais faire autrement ; d’abord lundi soir j’ai raconté à ma salle mes affaires avec Ruault, et nous lui avons renvoyé ses 3 frs 40 en lui écrivant une lettre qui se terminait par ces mots : Timeo Davaos et dona ferentes1. Il me répondit le soir même : Mon cher camarade, tu ne saurais croire quelle pénible impression j’ai ressentie etc. Ton camarade Ruault. Nous lui répondîmes immédiatement en lui exposant les motifs de nos soupçons et cherchant à lui faire sentir combien était grave et intempestive son infraction au code X. Enfin, à la demande de Badoureau, je fis passer chez les anciens un topo où je racontais ce qui s’était passé en parlant même à termes couverts des démarches de Mlle Clémence et de Xardel. Ce topo eut un succès fou. Enfin le rond a été voté pour Ruault par 160 voix sur 214 électeurs inscrits et pour un autre jésuite à une majorité un peu moindre. Benoît a voté contre. Le rond aura lieu aujourd’hui à 4 h ½. Il paraît que les jésuites sont décidés à l’accepter. On a affiché ce matin un topo à la planche topo des anciens et qui disait : voici, d’après un des assistants ce qui s’est passé hier rue Lhomond2. Les jésuites acceptent le rond en principe. On a débité des calomnies sur Point-carré ; mais elles ont eu peu d’écho, paraît-il. Ils reconnaissent donc leur ignoble conduite. Je n’ai pas besoin, je pense, de te recommander le plus grand secret sur tout cela. Il paraît qu’Aline avait parlé à quelqu’un de l’affaire des serpents.
Je passerai probablement ma première colle après demain.
J’ai reçu ta lettre ce matin ; tiens moi toujours au courant de l’oncle Adrien3.
J’embrasse tout le monde.
Henri
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« Je crains les Grecs, même quand ils apportent des cadeaux ». Citation de l’Énéide de Virgile, en référence à l’épisode du cheval de Troie.↩
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Cette rue abritait à l’époque de Poincaré l’École Sainte-Geneviève.↩
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Adrien Launois était le plus jeune des frères de la mère d’Henri Poincaré.↩
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« Henri Poincaré à Eugénie Poincaré - 13 Novembre 1873 ». La Correspondance De Jeunesse d’Henri Poincaré : Les années De Formation, De l’École Polytechnique à l’École Des Mines (1873-1878). Archives Henri Poincaré, s. d, Archives Henri Poincaré, s. d, La correspondance d'Henri Poincaré, consulté le 28 janvier 2023, http://henripoincare.fr/s/correspondance/item/12546