LettreHenri Poincaré à Eugénie Poincaré - 15 novembre 1873

15 novembre [1873]

Ma chère maman maman,

L’affaire des sergents est arrangée. Badoureau a été voir le capitaine Mahieu et lui a déclaré que les sergents des anciens donneraient leur démission en masse. En même temps j’allais voir Badoureau et je lui disais que les sergents des conscrits imiteraient leurs anciens quelles que soient les résolutions que ces derniers prendraient. Alors le capitaine Mahieu a été voir le colonel qui lui a dit qu’il appuierait la demande de Badoureau. Enfin il a appelé Badoureau hier et lui a dit que le général entendait bien que le sergent1 ne serait responsable qu’au cas où il serait bien constaté qu’il avait pris part au chahut. Le général avait donc reculé. En même temps les consignes de Badoureau étaient levées, ainsi que celles de Debray2.

Ce qu’il y a d’ennuyeux pour le moment c’est que le géné n’a voulu rien prendre sur les études ni le colo sur les exer de manière à permettre les cotes. Il en résulte qu’on les fera demain. De plus nous aurons inspection du général. Nous ne serons donc pas libres avant 11 heures.

Nous avons manipulé hier. J’ai réussi 3 expériences et raté une.

J’ai vu Mme Rambaud3 hier, ainsi que M. Contal4, M. et Mme Rinck5.

Il faudra que papa écrive au colonel ; parce que je n’ai lu la lettre qu’au moment d’aller à l’amphi, je l’avais mise dans ma poche et je l’ai tellement chiffonnée que je ne puis plus l’envoyer. On ne veut pas nous dire nos notes de colle.

Adieu ma bonne mère ; j’embrasse tout le monde.

Henri

 


  1. Par « sergent » il faut comprendre le major de promotion.

  2. Paul Albert Debray

  3. La famille Poincaré était très amie avec la famille de l’historien Alfred Rambaud

  4. L’épouse d’Alfred Rambaud était née Contal. Elle était la fille de François Contal, avoué au tribunal de première instance de Nancy. On peut supposer que c’est ce dernier qu’évoque Poincaré dans cette lettre.

  5. La famille Rinck était très liée à la famille Poincaré. Né en 1825, Jules Rinck avait repris la fabrique de broderies de son père, Pierre Rinck, à Nancy.  La lecture des lettres de jeunesse d’Henri Poincaré témoigne de sa longue amitié avec Élie Rinck lors de ses études à l’École polytechnique et à l’École des mines. La famille Rinck semble avoir été la famille correspondante de Poincaré durant ses études l’École polytechnique. Elle avait en effet quitté Nancy pour Paris afin de suivre les études de leur fils, entré à l’École polytechnique en 1872. Dans les années 1873 et 1874 Poincaré leur rendait visite quasiment tous les week-ends et était constamment associé à leurs activités mondaines et culturelles [A. Boutroux 2012, chap. XXIV].↩

Titre
Henri Poincaré à Eugénie Poincaré - 15 novembre 1873
Incipit
L’affaire des sergents est arrangée.
Date
1873-11-15
Identifiant
L1873-11-15-HP_EP
Adresse
Nancy
Lieu
Paris
Sujet
fr Affaire des postards
fr Visites familiales et amicales
Lieu d’archivage
Private collection 75017
Type
fr Lettre autographe signée
Section (dans le livre)
1
Droits
Archives Henri Poincaré
Nombre de pages
2
Numéro
005
Langue
fr
Éditeur
Archives Henri Poincaré
Laurent Rollet
Licence
CC BY-ND 4.0

« Henri Poincaré à Eugénie Poincaré - 15 Novembre 1873 ». La Correspondance De Jeunesse d’Henri Poincaré : Les années De Formation, De l’École Polytechnique à l’École Des Mines (1873-1878). Archives Henri Poincaré, s. d, Archives Henri Poincaré, s. d, La correspondance d'Henri Poincaré, consulté le 24 avril 2024, https://henripoincare.fr/s/correspondance/item/12551