LettreHenri Poincaré à Eugénie Poincaré - 4 juillet 1878

4 Juli Throndhjemer Znitung1

LAST INTELLIGENCES

Bonnefoy part samedi pour les îles Lofoden2, il me rejoindra le 30 Juli à Christiania. – Ici trouvé N° 2 de la Nanziger Znitung3 daté du 25. N° 1 inconnu – Écrire à Vigsnaes compagnie des pyrites. Mettre M. Gorimard à la Kirsgrubeselskab île de Kramö4 – Ce matin vu M. Backke et consul Huitfeldt5 avec qui coconné hier en chemin de fer. M. Backke parle anglais. consul français. très complaisant. Vu cathédrale ; c’est probablement la seule cath du monde dans l’intérieur de laquelle il y ait une machine à vapeur et un tramway6 ; pars ce soir pour Ytterö7, île dans le fond du fjord de Throndh [Trondheim] – Reviens demain à midi – Pars ensuite pour Undal mine des environs de Stören tout cela avec Bonnefoy ; le quitte samedi soir à 9 h – Ici trouvé journaux intelligibles.

Støren8, le 5 Juli 8 h soir

Hier soir embarqués sur l’Arcturus à peu près dormi pendant la nuit – beau temps ; arrivés à Ytterø vers 6 h matin vu mine grâce à M. Crelly a very obliging gentleman, repartis à 9 h matin retour à 12 h – Capitaine danois fort gentil ainsi que son chien – coconné aussi avec douanier norvégien – qui parlais anglais – Écrit à Balthasar.

6 Juli 2 h soir

Nous sommes partis à 4 h pour Støren d’où nous devrons prendre une carriole pour aller à Undal ; mais le skydstationer qui est en même temps hôtellier a dit qu’il ne pouv [pouvait] pas donner de Kariol le soir de sorte que nous avons dû coucher chez lui et renoncer à Undal.

Nous retournons ce soir à Throndhjem. Bonnefoy en part ce soir pour le Nordland moi je repars demain matin pour le Dovre. J’ai rencontré hier en chemin de fer le docteur Hedinger qui partait pour le cap Nord et je l’ai de nouveau revu ici aujourd’hui déjà revenu de sa pointe vers le N qu’il n’a poussée que jusqu’à Throndhjem9 ; en ce moment il s’embarque pour le Dovre.

Throndhjem dimanche matin

Bonnefoy n’a pas imité la sage prudence du dr Hedinger ; il est parti aujourd’hui à minuit pour le Nord ; moi je pars pour le Dovre10 ce matin à 10 h ; itinéraire probable

Dimanche chemin de fer coucher à Tönset

lundi Tönset à Lille Elvedal et Foldal11

mardi visite de Foldal

mercredi Foldal à Jerkind12

jeudi Jerkind à Dombaas13

vendredi Dombaas à [1 mot illisible]

samedi [1 mot illisible] à Molde14

dimanche Molde à Bergen15.

 


  1. Cette lettre dresse le récit d’événements qui se sont déroulés entre le 4 et le 7 juillet 1878. Poincaré rédige l’ensemble sous la forme d’une gazette (le Journal de Trondheim). Il reprend d’ailleurs cet artifice de présentation dans d’autres lettres ultérieures.

  2. Cela représente un très long périple vers le nord, plus de 800 kilomètres.

  3. La mère de Poincaré lui envoyait sans doute le journal de Nancy régulièrement. Il s’agit donc d’une plaisanterie.

  4. Poincaré anticipe ici un de ses futurs déplacements en donnant des indications à sa mère pour qu’elle puisse acheminer son courrier correctement. Lors de son séjour à Bergen vers la mi-juillet, il visitera en effet la Compagnies des pyrites de Vigsnes – Poincaré écrit Vignaes ou Viksnoes dans ses lettres – située sur l’île de Karmøy. Il y rencontrera le directeur de la mine nommé Maurice Gérimont, et non Monsieur Gorimard comme il le pense alors. Pour plus de détails voir les lettres 304 et 306.

  5. Il s’agit sans doute du consul Ivar Huitfeldt (1848-1910).

  6. La cathédrale de Trondheim était en très mauvais état au 19e siècle car elle avait subi de nombreux incendies. Une très longue restauration avait été engagée à partir de 1869 et les machines que décrit Poincaré étaient peut-être en rapport avec ces travaux de rénovation.

  7. Il s’agit en fait de l’île d’Ytterøy.

  8. Støren est une municipalité située à quelques kilomètres au sud de Trondheim.

  9. C’est une plaisanterie de Poincaré , le Cap Nord étant à plus 1500 kilomètres de Trondheim.

  10. Poincaré évoque un déplacement dans la région de Dovre, un territoire montagneux peu peuplé et situé à environ 250 kilomètres au sud, sud-ouest de Trondheim. Cette région correspondrait aujourd’hui au Parc naturel de Dovre. Il s’agissait d’une région minière à la fin du 19e siècle. Les lettres suivantes donnent le détail de ce voyage.

  11. Poincaré évoque ici l’actuelle municipalité d’Alvdal située dans le comté d’Hedmark. Son ancien nom, avant 1918, était Lille-Elvdalen. Alvdal est située loin de de la municipalité de Folldal (que Poincaré écrit Foldal dans sa lettre). Folldal était connue pour ses mines de cuivre, parmi lesquelles la Gammelgruva était la plus ancienne. L’activité minière de la commune était, semble-t-il, en perte de vitesse à cette époque.

  12. Probablement Hjerkinn, une commune minière située à une trentaine de kilomètres à l’est de Foldall.

  13. Le trajet entre Hjerkinn et Dombås représente une trentaine de kilomètres vers l’ouest. Située à 2 000 mètres d’altitude, Dombås est au carrefour vers plusieurs axes de circulation : Trondheim au nord, Oslo au sud, et Åndalsnes à l’ouest.

  14. Molde est une importante commune située sur la côte ouest de la Norvège, dans la péninsule de Romsdal, à environ 200 kilomètres de Dombås. Au 19e siècle cette ville était dotée d’une industrie textile assez prospère. C’était également un centre touristique très prisé qui comptait plusieurs hôtels de luxe.

  15. Cette dernière étape représente un voyage de près de 500 kilomètres vers le Sud de la Norvège. C’est une importante cité portuaire située dans le comté de Hordaland, dont elle constitue la capitale.

Titre
Henri Poincaré à Eugénie Poincaré - 4 juillet 1878
Incipit
4 Juli Throndhjemer Zeitung LAST INTELLIGENCES ...
Date
1878-07-04
Identifiant
L0301
Adresse
Nancy
Lieu
Trondheim
Sujet
fr Voyage d’étude en Norvège et en Suède (1878)
Lieu d’archivage
Private collection 75017
Type
fr Lettre autographe
Section (dans le livre)
6
Droits
Archives Henri Poincaré
Nombre de pages
3
Mots d'argot polytechnicien cités
Cocon
Noms cités dans l'apparat
Maurice Gérimont
Poincaré, Henri (1854-1912)
Numéro
301
Langue
fr
Éditeur
Archives Henri Poincaré
Laurent Rollet
Licence
CC BY-ND 4.0

« Henri Poincaré à Eugénie Poincaré - 4 Juillet 1878 ». La Correspondance De Jeunesse d’Henri Poincaré : Les années De Formation, De l’École Polytechnique à l’École Des Mines (1873-1878). Archives Henri Poincaré, s. d, Archives Henri Poincaré, s. d, La correspondance d'Henri Poincaré, consulté le 28 mars 2024, https://henripoincare.fr/s/correspondance/item/14142