LettreHenri Poincaré à Eugénie Poincaré - décembre 1874

[Début décembre 1874]

Ma chère maman,

Toujours rien de neuf. J’ai piqué 18 chez Laguerre avant-hier. J’ai presque fini les épures d’ordre dorique et ionique qui sont bien ennuyeuses. J’ai continué l’Arabe ; je l’achèverai demain. Je suis sorti hier ; j’ai d’abord été chez Bonnet pour savoir ma note ; puis chez M. Rinck qui prétend que les chiffres d’Aline pour les élections ne sont pas exacts et qui s’en inquiète beaucoup1.

Ces élections ont fait le sujet de toutes les conversations ; puis j’ai été avec Gonzalve2 chez Mme Vallet où j’ai dîné. J’ai rencontré Lermort tout engommardé. Je ne le reconnaissais pas.

 


  1. Il est ici question des élections municipales de novembre 1874. En janvier 1874, une loi avait conféré au chef de l’État et à ses préfets le droit de nommer les maires dans toutes les communes. Dans le sillage de son vote, les élections municipales, d’abord fixées au mois d’avril 1874, avait été reportées à l’automne et les préfets avaient été fortement incités à changer autant de maires qu’ils le jugeaient utile [A. J. Tudesq 1983]. Ces élections avaient eu lieu les 22 et 29 novembre et avaient débouché, à Paris, sur une forte victoire des républicains sur les monarchistes (70 sièges contre 10) [J.-M. Bécet 1983]. À cette époque, la capitale n’était pas administrée par un maire mais par l’État, en la personne du préfet de la Seine ; la règle voulait donc que le conseil municipal de Paris soit dirigé par un président sans pouvoir executif local. Dans le sillage des élections, Henri Thulié  avait été désigné sur ce poste puis très vite remplacé par le républicain Charles Floquet . Poincaré faisait-il ici référence aux résultats parisiens ? On peut penser qu’il se faisait plutôt l’écho des résultats des élections à Nancy où les républicains avaient remporté une victoire écrasante (221 256 suffrages pour les républicains contre 72 224 pour les « réactionnaires » selon Le Temps du 25 novembre 1874). La controverse avec Jules Rinck concernant les chiffres inexacts de sa soeur pourrait alors être en lien avec les difficultés pour obtenir des informations fiables sur les résultats des votes de province, sujet qui était largement présent dans la presse parisienne dès la fin du mois de novembre. Ainsi l’agence Havas avait, semble-il, annoncé par erreur une forte victoire des monarchistes à Nancy. Lors de ses élections, le républicain Auguste Bernard fut confirmé dans les fonctions de maire de Nancy qu’il occupait depuis mars 1872. Il conserva ce mandat jusqu’en août 1879.

  2. Gonzalve Olleris.

Titre
Henri Poincaré à Eugénie Poincaré - décembre 1874
Incipit
Toujours rien de neuf. J'ai piqué 18 chez Laguerre ...
Date
1874-12
Identifiant
L0108
Adresse
Nancy
Lieu
Paris
Sujet
fr Affaires diverses (polytechnique)
fr Colles et examens (polytechnique)
fr Élections municipales (1874)
Lieu d’archivage
Private collection 75017
Type
fr Lettre autographe
Section (dans le livre)
2
Droits
Archives Henri Poincaré
Nombre de pages
1
Mots d'argot polytechnicien cités
Piquer
Épure
Numéro
108
Langue
fr
Éditeur
Archives Henri Poincaré
Laurent Rollet
Licence
CC BY-ND 4.0

« Henri Poincaré à Eugénie Poincaré - décembre 1874 ». La Correspondance De Jeunesse d’Henri Poincaré : Les années De Formation, De l’École Polytechnique à l’École Des Mines (1873-1878). Archives Henri Poincaré, s. d, Archives Henri Poincaré, s. d, La correspondance d'Henri Poincaré, consulté le 28 mars 2024, https://henripoincare.fr/s/correspondance/item/14376