Lexique d'argot polytechnicien

  • Absorption

    Bizutage
  • Ancien

    Élève de seconde année. Ce terme s’opposait à celui de conscrit (élève de première année). Hormis les périodes d’absorption et de cote, les conscrits vivaient sur un pied d’égalité.
  • Antique

    Personne qui était passée par l’École polytechnique et qui avait satisfait aux examens de sortie. Ce terme est à distinguer de celui d’ancien, qui désignait l’élève de seconde année
  • Bahut \ Bahuté

    Le verbe bahuter était employé dans le sens de « donner à un objet le chic ancien en le déformant ». Un objet bahuté était donc un objet élégant ou un objet non réglementaire.
  • Basoff

    Abréviation du vieux terme de bas-officier. Les basoffs étaient les adjudants chargés de la surveillance des élèves à l’intérieur et à l’extérieur de l’École polytechnique. Vers la fin du 19e siècle, l’école en comptait huit, quatre du génie et quatre de l’artillerie. Le soir ils couchaient dans une chambre voisine des casernements ; ce sont eux qui procédaient aux appels et qui se chargeaient de la discipline en dehors des cours. La seule punition qu’ils pouvaient infliger était la consigne.
  • Berry

    Le berry était une tunique d’intérieur que portaient les élèves de l’École polytechnique. Son nom provenait du fait qu’elle était confectionnée en drap du Berry.
  • Biblo

    La bibliothèque de l’École polytechnique.
  • Bicorne

    Le chapeau des élèves, (voir aussi le claque).
  • Bigor / Bigorneau

    Le bigor était un artilleur de marine. Ce mot trouve sa source dans le sobriquet bigorneau donné aux soldats de la marine. Poincaré écrivait « bigorre » dans ses lettres.
  • Binet

    Abréviation du mot cabinet. Dans le jargon de l’École polytechnique, ce terme désignait les salles dédiées à une activité spéciale, à l’exception des salles d’études et des dortoirs. Il y avait ainsi des binets de musique réservés aux musiciens durant les récréations ou un binet de service où se tenaient les clairons et les tambours chargés des différentes sonneries rythmant la vie de l’école. Le binet de colle était bien-sûr la salle où les répétiteurs faisaient passer les examens.
  • Bit

    Abréviation d’habit, uniforme.
  • Bleau / Bleaux

    Diminutif de Fontainebleau. Par extension, le terme « Bleaux » désignait les élèves de l’École d’application de l’artillerie et du génie située dans cette commune après la Guerre de 1870 (elle était auparavant à Metz).
  • Bosse

    Le dessin d’après la bosse consiste à reproduire une figure sculptée ou un moulage en s’attachant à en rendre le relief. Il s’agissait là d’un des exercices de dessin proposés aux élèves de l’École polytechnique.
  • Botte

    Le terme renvoie à l’ensemble des carrières civiles réservées aux meilleurs élèves de l’École polytechnique. La « fine botte » désignait les mines, la « grande botte » les ponts et chaussées et la « petite botte » le génie maritime, les constructions navales, les manufactures de l’État, les télégraphes, l’hydrographie et les poudres et salpêtres.
  • Botter

    Apprécier ou convenir.
  • Bottier

    Le bottier était l’élève qui avait obtenu la botte à sa sortie de l’école.
  • Bran

    Chambard, chahut dans l’argot de l’École polytechnique. Dans un sens ancien, ce mot désignait l’excrément, la matière fécale. À l’époque de Poincaré, son usage familier dans une interjection ou une exclamation servait à signifier une forme de mépris (il était alors synonyme de « zut » ou de « merde »).
  • Café hollandais

    Voir le mot holl.
  • Caisse / Caissier

    La caisse était un dispositif d’aide aux étudiants nécessiteux financé par une cotisation fixe annuelle que payaient tous les élèves de l’École polytechnique. En 1860 la caisse avait fusionné avec le Bureau de bienfaisance. Les caissiers, étudiants dotés du pouvoir discrétionnaire de distribuer les fonds, étaient élus au sein de la promotion. C’était une fonction très enviée à l’époque de Poincaré.
  • Casert

    Le casert (Poincaré écrit caser) désignait le casernement, le dortoir, dans lequel logeaient les élèves. À l’époque de Poincaré les dortoirs étaient des pièces assez petites, plutôt mal aérées, qui comprenaient deux rangées de 10 lits. Le mobilier était très spartiate : pour chaque élève un petit bahut pour le linge (le coffin), un pot à eau et une cuvette pour la toilette, une étagère placée au-dessus du lit, un tapis, un pot de chambre (le thomas ou le souriau). Chaque dortoir disposait également d’une fontaine à eau. Espace restreint où régnait une certaine promiscuité, le casert était aussi un lieu de sociabilité, de jeux et d’échanges entres les élèves et, parfois aussi, de conflits.
  • Chahut

    Manifestation bruyante de protestation contre l’autorité. Le chahut ne pouvait être décidé que par un vote, avec une majorité d’au moins deux tiers des voix. Une pratique courante des élèves était le chahut de bourets : tous les élèves frappaient en rythme le sol avec leur tabouret, produisant ainsi un gros vacarme.
  • Chameau

    Dans l’argot du 19e siècle le mot « chameau » désignait une femme de mauvaise mœurs ou une femme légère. Les élèves de l’École polytechnique avaient pour coutume de chanter la « Chanson du chameau » lorsqu’ils voyaient apparaître le visage d’une jeune femme à la fenêtre d’un des hôtels mal famés de la rue Descartes.
  • Chiade / Chiader

    La chiade est un terme d’argot désignant le travail acharné de l’élève pour réussir les concours. À l’École polytechnique, le temps de chiade correspondait à la période de préparation des examens de fin d’année, déterminant pour le classement des conscrits avant la seconde année et pour le rang de sortie des anciens. Par extension, le verbe chiader signifiait « travailler avec ardeur ».
  • Claque (la)

    La claque est un terme d’argot renvoyant à une pratique en vogue dans les théâtres et les cabarets. Il était en effet courant de vendre des places à bas prix à un groupe de spectateurs placés sous la direction d’un meneur. Cette « claque » était chargée d’applaudir généreusement pour assurer le succès des artistes. Dans certains théâtres, le chef de claque recevait même des appointements mensuels de la direction.
  • Claque (le)

    Le chapeau des élèves, c’est-à-dire le bicorne.
  • Cocon

    Camarade de promotion (co-conscrit).
  • Code X

    Recueil des règlements établis par les élèves de l’École polytechnique.
  • Coffin

    Le coffin était une petite armoire individuelle destinée à ranger les affaires personnelles des élèves. Elle était placée devant les lits.
  • Colle

    Interrogation orale. À l’époque de Poincaré, les colles obéissaient à un rituel qui n’était pas sans créer tension et appréhension chez les élèves. Les noms des élèves étaient affichés quelques jours à l’avance sur la planche topo avec l’indication du colleur. Ce délai leur permettait de réviser en vue de l’examen et éventuellement d’échanger un colleur avec un camarade (Poincaré explique cette procédure dans la lettre 11). Vers la fin des années 1870, pour éviter ces substitutions, on mit en place un système de colle instantanée, les élèves étant prévenus seulement une heure avant l’examen.
  • Colleur

    Examinateur de colle.
  • Colo

    Colonel, commandant en second l’École polytechnique. Si le général commandant l’École sortait du génie il était issu de l’artillerie, et inversement. Le colonel recevait tous les matins le rapport du capitaine du service, accordait des audiences aux parents et aux correspondants des élèves, dirigeait l’instruction militaire et suppléait le général lors de ses absences.
  • Commiss / Commission / Commission des cotes / Séance des cotes

    Tribunal d’anciens chargé de juger les conscrits et d’appliquer une cote à tous ceux que certaines particularités ou qu’une réputation avaient désignées à son attention. La lecture des cotes se faisait publiquement le jour de la séance des cotes. La commission comptait douze membres ainsi que quelques bourreaux désignés par le vote au mois de juin précédent la rentrée. Elle entrait en fonction à l’arrivée de la nouvelle promotion et se réunissait pendant les récréations lorsqu’il s’agissait de juger les conscrits pour un manquement quelconque au code X.
  • Conscrard / Conscrit

    Le conscrit est l’élève de première année à l’École polytechnique. Cependant, avant d’obtenir ce statut, tout élève était un « conscrard », voire un « sale conscrard ». On ne lui reconnaissait que des devoirs et aucun droit ; le conscrard ne devenait conscrit, et donc l’égal d’un ancien, qu’après avoir subi les épreuves de l’absorption et avoir entendu la lecture de sa cote le jour de la séance des cotes. Par son rang d’entrée, Poincaré était lui-même un sergent des conscrits.
  • Consigne

    Punition dont le premier degré consistait en une privation de sortie.
  • Cote / Coter

    La cote était la note obtenue à un examen. Par extension elle pouvait s’appliquer pour les élèves de l’École polytechnique à tous les aspects de leur vie : les examinateurs des colles, les élèves, les femmes, etc. L’argot de l’École polytechnique abonde d’expressions formées à partir de ce mot. Citons la « cote journal » pour désigner l’élève dont l’admission a été célébrée par un article très louangeur dans un journal de son pays ou encore, dans un autre registre, la « cote nègre », inventée en 1880 pour accueillir le premier élève noir admis à l’École. On utilisait le terme au pluriel pour désigner la séance des cotes, moment essentiel de l’intégration des conscrits dans l’école (voir la page 19). Dans ses lettres, Poincaré cotait beaucoup, notamment les jeunes filles qu’il croisait lors de soirées mondaines ou les actrices de théâtre.
  • Cyrard

    Élève de l’École militaire de Saint-Cyr.
  • Dévisser / Dévissage

    L’élève, vissé sur un banc ou sur un tabouret, ne bouge pas de sa place. Par opposition, se dévisser signifiait « changer de place ». Quand une promotion voulait demander quelque chose au général, elle lui dévissait (envoyait) le major.
  • Épure

    Dessin géométrique exécuté avec la règle et le compas, pratiqué surtout dans les cours de perspective et de stéréotomie.
  • Exer

    Exercice militaire. L’exercice militaire comprenait à l’époque de Poincaré la pratique de l’épée, du canon, du révolver et du fusil. Après la Guerre de 1870, cet aspect militaire de la formation avait été renforcé par des exercices de tir à la cible au polygone de Vincennes (voir ainsi la lettre 89).
  • Flamber

    Un des jeux des élèves de l’École polytechnique consistait à attacher dans le dos d’un camarade en train de travailler un paquet de vieux papiers auxquels on mettait le feu ; une autre pratique consistait à placer du papier enflammé sous son tabouret sans qu’il s’en rende compte.
  • Fourrier / Sergent fourrier

    Élève reçu dans les premiers rangs à l’École polytechnique. Il s’agissait également d’un grade militaire qui avait évolué au fil du temps : dans l’Ancien Régime le terme désignait un officier de la suite d’un prince chargé d’assurer vivres et logement de la Cour en déplacement. À l’époque de Poincaré, c’était souvent un sous-officier (on parlait alors de sergent-fourrier) chargé de la distribution des vivres et des équipements, du campement et du couchage des troupes (voir le Trésor de la langue française). Les élèves de l’École polytechnique pouvaient être fourriers ou sergents-fourriers.
  • Fumiste

    Dans l’argot de l’École polytechnique ce mot désignait un civil, probablement à cause de son chapeau noir en forme de tuyau de poêle, qui rappelait les cheminées des toits parisiens. Se mettre en fumiste signifiait revêtir une tenue bourgeoise. Par extension, le fumiste désignait tout vêtement civil.
  • G. M

    Abréviation de « génie maritime » dans l’argot de l’École polytechnique. Les élèves sortant dans la petite botte allaient souvent vers la carrière d’ingénieur des constructions navales ou vers les manufactures de l’État.
  • Géné

    Général commandant l’École polytechnique ; c’était un général de brigade, issu soit de l’artillerie, soit du génie. L’État-major, le directeur des études, l’administrateur ainsi que tout le personnel étaient sous ses ordres. Il présidait les conseils d’instruction et de perfectionnement. Il recevait tous les jours les rapports du colonel et du capitaine de service. Les élèves le voyaient rarement et seuls les majors pouvaient venir le trouver pour lui adresser les demandes intéressant la promotion. Le général commandant l’École polytechnique en 1873 était Frédéric Juste Riffault (1814-1885). Formé à l’École polytechnique (promotion 1832) puis à l’École des mines, il était ensuite passé par l’École d’application de l’artillerie et du génie de Metz. Il avait été nommé nommé commandant de l’École polytechnique en 1870, après avoir occupé le poste de directeur des études de 1856 à 1869. Il fut également sénateur du Loir-et-Cher à partir de 1876. C’est le général Jean Durand de Villiers (1814-1886), polytechnicien (promotion 1833) formé à l’École d’application de l’artillerie et du génie de Metz qui succéda à Riffault en 1873. Il occupa ce poste jusqu’en 1876, après quoi il prit part aux travaux concernant la réorganisation des frontières.
  • Gigon / Gigonnaire / Gigonner

    Augustin Joseph Gigon (1833-1881), était un élève de la promotion 1853 qui s’était rendu célèbre auprès de ses camarades en raison de son habitude de faire toujours plus de travail qu’il ne lui en était demandé. Son nom de famille était donc rapidement passé dans l’argot de l’École polytechnique pour désigner un supplément (par exemple un gigon de frites). Par extension, le verbe gigonner signifiait « faire un travail en plus » et l’adjectif gigonnaire voulait dire « supplémentaire ».
  • Gober

    Avoir de la sympathie pour quelqu’un. Faire accepter quelque chose à quelqu’un (avec une nuance de duperie).
  • Gog / Gogs

    Terme d’argot désignant aussi bien les toilettes (« gogs ») que le pot de chambre (le « goguenot »). L’expression « pitaine gog » désignait l’agent chargé du nettoyage des lieux d’aisance.
  • Gournard

    Surnom donné par les élèves de l’École polytechnique à Jules-Antoine Maillard de La Gournerie (1814-1883).
  • Holl

    Le café hollandais du Palais Royal, le « holl » dans le jargon polytechnicien, accueillait certains événements de l’École polytechnique, comme la cérémonie de l’absorption. C’était aussi à l’époque de Poincaré le lieu où se réunissaient les élèves les jours de sortie.
  • Jodot / Jodoter

    Le terme venait du nom d’un professeur de lavis nommé Marc Jodot qui était répétiteur à l’École polytechnique depuis plus de quarante ans à l’époque de Poincaré. Pour les polytechniciens, son nom était resté synonyme de lavis. Par extension, le terme jodoter pouvait vouloir dire : laver un dessin, mouiller ou asperger avec de l’eau, se laver (se jodoter) ou pleuvoir (il jodote). Poincaré emploie très souvent ces termes dans ses lettres.
  • Laïus / Laïusser

    Composition française et, par extension, discours ou allocution. Poincaré utilisait parfois le verbe laïusser (faire un discours, souvent dans le sens d’ennuyeux ou de pénible).
  • Lèche

    Flatterie dans l’argot courant. « Piquer la lèche » signifiait « flatter ».
  • Major

    Il y avait deux types de majors : le major de tête (l’élève ayant eu les meilleures notes au concours d’entrée) et le major de queue (le dernier reçu au concours). Le major de tête avait, au temps de Poincaré, le grade de sergent-major et portait les galons. Alors que le major de queue n’avait aucun rôle, si ce n’est le jour de la séance des cotes. Le major de tête servait quant à lui d’intermédiaire entre les élèves et l’administration. À sa sortie de l’École, le major de tête choisissait généralement d’entrer à l’École des Mines. Traditionnellement, l’Académie des sciences lui faisait don du Prix Laplace, consistant en un exemplaire de ses œuvres.
  • Major

    Il y avait deux types de majors : le major de tête (l’élève ayant eu les meilleures notes au concours d’entrée) et le major de queue (le dernier reçu au concours). Le major de tête avait, au temps de Poincaré, le grade de sergent-major et portait les galons. Alors que le major de queue n’avait aucun rôle, si ce n’est le jour de la séance des cotes. Le major de tête servait quant à lui d’intermédiaire entre les élèves et l’administration. À sa sortie de l’École, le major de tête choisissait généralement d’entrer à l’École des Mines. Traditionnellement, l’Académie des sciences lui faisait don du Prix Laplace, consistant en un exemplaire de ses œuvres.
  • Manip / Manipul

    Manipulation de chimie.
  • Nègre

    Corruption de « nec plus ultra » dans l’argot de l’École polytechnique. Ainsi, on pouvait dire « C’est le nègre ! » en parlant d’un objet remarquable.
  • Pioche

    Le verbe piocher signifiait « travailler avec ardeur ». L’expression « temps de pioche » désignait la période de travail préparatoire avant les examens du mois de février mais il semble que Poincaré l’employait également pour désigner la préparation des examens du mois de juin (voir ainsi la lettre 73 page 95).
  • Pique-chien

    Sobriquet qui désignait les sergents-majors chargés d’assurer la garde des différents postes de l’École polytechnique : poste d’entrée, parloir, etc. Le terme faisait explicitement référence à l’expression populaire « piquer un chien » qui signifiait dormir.
  • Piquer

    Ce mot-valise emprunté à l’argot ordinaire était utilisé dans un grand nombre de circonstances par les polytechniciens : « piquer un fard » (rougir), « piquer l’étrangère » (rêvasser au lieu de travailler), « piquer une sèche » (avoir une très mauvaise note en colle).
  • Pitaine

    Traditionnellement, l’École polytechnique comptait plusieurs capitaines issus de différentes armes (génie, artillerie, marine) et chargés de la surveillance, de la discipline et de l’instruction militaire des élèves (il y en avait 4 en 1873). Les élèves de l’école appelaient ces inspecteurs des études les « pitaines ». Par extension ce terme, lorsqu’il était suivi du mot désignant une fonction, était donné à tout agent chargé d’une forme de surveillance ; ainsi le « pitaine Bouquin » était l’agent qui distribuait les livres à la Bibliothèque et le « pitaine gogs » la personne chargée du nettoyage des toilettes (et qui n’avaient bien-sûr pas le grade de capitaine).
  • Police

    Ce mot désignait dans le jargon de l’école une sorte de bonnet qui était orné d’un gland jaune ou rouge, suivant la promotion. Ce couvre-chef était l’objet de toutes les attentions des élèves lors des chahuts.
  • Pondant

    Abréviation de « correspondant ». Sécher son pondant : ne pas rendre visite à son correspondant.
  • Prolonge

    Prolongation de sortie. Ces prolongations étaient accordées aux élèves dans certaines circonstances par le général, le plus souvent les mercredis et les dimanches pour leur permettre d’aller au théâtre. À l’époque de Poincaré, il y avait souvent prolonge les jours de fête, les jours de revue ou d’inspection et à l’occasion de cérémonies traditionnelles rythmant la vie de l’École polytechnique.
  • Putz

    Ce terme désignait l’auvent du côté nord de la cour de récréation de l’École polytechnique. Il devait son nom au colonel Henri Putz qui en avait ordonné la construction. Par extension, le mot putz désignait n’importe quelle forme d’abri.
  • Quarantaine

    La plus sévère des pénalités infligées par les élèves à un ou plusieurs de leurs camarades. Elle devait être votée par ¾ des voix. Sa durée pouvait être fixée tout de suite à la majorité absolue ou bien être de durée indéterminée. La punition ne pouvait être révoquée que par une majorité de ¾ des voix. La quarantaine consistait à interdire toute communication avec les élèves punis, à moins qu’elles n’aient un rapport avec les cours, les colles ou les besoins du service. Les élèves en quarantaine ne pouvaient pas lancer de topos, n’avaient pas le droit de voter, de participer au bureau de bienfaisance ou à des entreprises collectives. Ils ne payaient pas les quêtes et ils étaient privés du bal de l’Élysée.
  • Rallonge

    Autorisation de sortir le dimanche avant l’heure habituelle de huit heures du matin. Lorsqu’il y avait rallonge, les élèves avaient le droit de sortir dès six heures. La rallonge pouvait également consister en une permission de ne rentrer, les dimanches d’été, qu’à onze heures au lieu de douze.
  • Rat

    Être rat : être en retard. Rentrer en retard d’une permission ou d’une sortie (les mercredis et dimanches soirs l’heure de retour était fixée à vingt-deux heures) se soldait généralement par une « consigne ». Par extension, les polytechniciens employaient parfois le verbe « ratifier » signifiant « être privée ». Poincaré utilisait dans une lettre l’expression « rentrer au pas de grande ratitude » pour signifier une marche rapide (afin d’éviter d’être en retard).
  • Riffault

    Le riffault (Poincaré écrivait « riffaut ») était un petit carton que l’on plaçait sur ses genoux pour prendre plus facilement des notes en cours. Il tenait son nom de Frédéric Juste Riffault, commandant de l’École polytechnique à l’époque des études de Poincaré, qui l’avait introduit alors qu’il était directeur des études.
  • Rond

    Pénalité décidée par les élèves de l’École polytechnique contre un de leurs camarades pour peu qu’elle obtienne 2/3 des voix exprimées. Dans ce cas les deux promotions en cours à l’École avaient l’autorisation de se réunir dans l’amphithéâtre pour reprocher publiquement sa faute au coupable.
  • Rosto

    Bec de gaz. Le général Louis de Rostolan (1791-1862) qui avait commandé l’École polytechnique dans les années 1844-1848 avait fait installer près des salles de billard un bec de gaz destiné à allumer les pipes ; les élèves l’appelaient le rosto. Par extension, les élèves de l’école devaient appeler rosto tous les types de bec de gaz.
  • Sall’Binet

    Ce terme, dérivé du mot binet, désignait une convocation urgente adressée aux chefs de salles. Un élève passait dans chaque salle et criait « Sall’Binet ! », ce qui signifiait « Chef de salle, au cabinet de service ! ». Sall’Binet. Poincaré écrit sallbinet dans ses lettres.
  • Salle de police

    Avoir une salle de police signifiait qu’on avait une punition. L’élève puni était emprisonné dans une mansarde de l’école et privé de sortie.
  • Salles

    Lieux où les élèves passaient une bonne partie de leurs journées entre les cours. Elles étaient à la fois des lieux d’étude, de chahut et de jeu, de déjeuner, de sieste, etc. Les élèves étaient répartis dans des salles spécifiques avec d’autres camarades et ils étaient tenus d’y rester. Cependant il y avait des pratiques d’échanges, de visites, d’invitations, de repas qui constituaient autant d’entorses au régime très strict de l’école.
  • Sape / Sapeur

    La sape désignait l’arme du génie. Il y avait une certaine concurrence à l’École polytechnique entre les élèves qui se destinaient à l’artillerie et ceux qui aspiraient à devenir sapeurs.
  • Sapin

    Fiacre.
  • Schicksale / Schicksaler

    En allemand, le mot « Schicksal » signifie « hasard » ou « sort ». Le verbe « schicksaler » signifie tirer au sort. Le code X voulait que l’on tire au sort à chaque fois que les élèves disposaient de billets pour le bal de l’Élysée, devaient être interrogés lors d’un amphi, etc.
  • Sec

    Abréviation de « fruit sec ». Sécher signifiait être « fruit sec ». Par extension, ce verbe signifiait aussi « priver de quelque chose ».
  • Serpent

    Sergent. Ce terme désignait à l’époque de Poincaré les élèves qui, en raison de leur rang de classement, étaient les chefs de salle, de réfectoire et de casernement.
  • Seul homme (ou monôme)

    Défilé en file indienne accompagné de chants. Ce genre de manifestation ponctuait un grand nombre d’événements de l’École polytechnique. Il pouvait être autorisé par la direction ou proscrit, auquel cas il s’apparentait à une manifestation contre des décisions jugées inacceptables par les élèves.
  • Système

    Terme générique d’argot ouvrier au 19e siècle. Il pouvait être utilisé en le juxtaposant avec un autre mot pour signifier : « dans le goût de, comme chez, semblable à ». Poincaré l’utilise régulièrement dans ses lettres et, suivant les contextes, il peut avoir des significations plus ou moins générales (par exemple « système bleu » pour désigner un pantalon bleu).
  • Tangente / Tg

    L’épée du grand uniforme de polytechnicien.
  • Taupin

    Élève de mathématiques spéciales. À la fin du 19e siècle, ce mot désignait principalement les candidats à l’École polytechnique. Dans l’argot militaire ce terme pouvait aussi renvoyer au soldat du génie effectuant un travail de taupe dans les sièges.
  • Tilleur

    Artilleur.
  • Topo

    À l’origine, abréviation du mot topographie. Ce terme désignait non seulement tout dessin représentant le plan d’un terrain mais aussi toute feuille imprimée ou manuscrite que les élèves se communiquaient entre eux. Cela pouvait être dans un but sérieux ou alors en guise d’amusement. La planche aux topos (ou encore « planche topo », la « déci » ou le « décharme ») était le tableau sur lequel l’administration placardait ses avis officiels.
  • Truffin

    Le coiffeur.
  • X

    Cette lettre empruntée au formalisme de l’algèbre désignait – et c’est encore le cas aujourd’hui – à la fois l’École polytechnique et le polytechnicien (qu’il soit élève ou ancien élève).
  • Zinc / Zn

    Pantalon de toile grise que l’on portait à l’intérieur de l’École polytechnique durant les périodes de chaleur. Appelé aussi Zn, en référence au symbole chimique du zinc.
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