Dater, transcrire, annoter : principes et méthodes

Ce volume est le résultat d’un long travail mené au sein du Laboratoire d’histoire des sciences et de philosophie – Archives Henri Poincaré. Les premières bases de l’édition de la correspondance de Poincaré ont été posées il y a plus de vingt ans avec la fondation du laboratoire. Le comité d’édition de la correspondance avait depuis longtemps planifié, parallèlement à la correspondance scientifique, l’édition d’un volume portant sur la correspondance administrative et privée de Poincaré. Ce choix était fondé sur la volonté de prendre en compte les dimensions « non scientifiques » de l’activité épistolaire du mathématicien.

De fait, à côté des lettres concernant les travaux de Poincaré en mathématiques, physique, géodésie, astronomie ou mécanique, un vaste ensemble de lettres concernait des facettes très variées de sa vie et de sa carrière : ses candidatures à l’Académie des sciences ou à l’Académie française, ses échanges avec certains acteurs de la communauté philosophique française, son intervention durant l’affaire Dreyfus, son rayonnement national et international à travers des lettres d’admirateurs. L’ensemble s’avérait d’autant plus difficile à classer thématiquement qu’un grand nombre de correspondants étaient peu connus, ou difficilement identifiables, et que ce corpus déjà très vaste représentait à peine la moitié des documents à prendre en compte. L’autre moitié était constituée des 322 lettres des années 1873-1878 documentant sa formation à l’École polytechnique et à l’École des mines.

Tous ces documents provenait des archives personnelles des descendants d’Henri Poincaré. Celles-ci avaient été microfilmées en 1976 par Arthur Miller et avaient fait l’objet d’une numérisation et d’une mise en ligne au début des années 2000 grâce aux efforts de Scott Walter. Les recherches menées durant toutes ces années dans différents fonds d’archives français et étrangers devaient permettre d’identifier progressivement un très grand nombre de documents inédits qui sont venus progressivement augmenter le corpus. Les archives de l’Académie des sciences, celles de l’Institut Mittag-Leffler à Stockholm ou les Archives nationales, pour ne citer que quelques exemples, ont constitué des viviers exceptionnels et leur exploitation a permis de découvrir et d’explorer des dimensions méconnues de la vie professionnelle de Poincaré : son rôle moteur au sein du Bureau des longitudes, son rôle dans la création de la Revue de métaphysique et de morale, son activité d’organisation de la communauté mathématique française et étrangère à travers son investissement dans le Répertoire bibliographique des sciences mathématiques, et bien d’autres choses encore.

Cependant, en ce qui concerne le volume de correspondance administrative et privée, toutes ces découvertes ont peu à peu fait disparaître tout espoir de rassembler dans un seul livre l’ensemble des lettres concernées. Face à l’augmentation du nombre de documents à prendre en compte, décision a été prise de publier ces quelques six cent cinquante lettres en deux parties. La première partie, correspondant à ce volume, concerne les années de jeunesse de Poincaré ; la seconde partie, dédiée à son activité académique, professionnelle et à ses échanges privés, fera l’objet d’un autre ouvrage.

La correspondance de jeunesse se caractérise par une grande homogénéité. Les lettres concernent presque entièrement la période de formation de Poincaré à Paris (1873-1878) et ne s’adressent qu’à sa famille proche : sa mère, sa sœur et son père. Malheureusement toutes les lettres reçues par Poincaré sont perdues et on ne dispose donc que d’une correspondance asymétrique. Par ailleurs, s’il est à peu près certain que Poincaré avait d’autres activités épistolaires durant cette période, il n’en reste pour l’instant aucune trace. Comme on va le voir, ces caractéristiques ont déterminé la méthodologie adoptée pour dater, transcrire et annoter le corpus.

1. Dater

Ce corpus de lettres est présenté dans l’ordre chronologique. Les lettres datées relèvent plus de l’exception que de la règle et, en l’absence quasiment complète des lettres de la mère et de la sœur de Poincaré, l’organisation chronologique de l’ensemble de cette correspondance s’est en grande partie apparentée à une enquête historique. Le travail de datation s’est donc avéré très complexe et il n’aurait pu être achevé sans le travail méthodique mené durant plusieurs mois par Caroline Jullien-Walter.

Telles qu’elles ont été conservées par la famille Poincaré, ces lettres comportent quelques annotations au crayon de papier, signes d’un effort antérieur de datation, dont on peut supposer qu’il remonte au travail d’André Bellivier. En effet, en 1956 cet auteur – poète, romancier et traducteur de Rainer Maria Rilke – avait été le premier à utiliser de manière extensive la correspondance de jeunesse dans le cadre d’un ouvrage biographique intitulé Henri Poincaré ou la vocation souveraine. S’appuyant sur un premier classement des lettres il proposait de suivre le parcours de jeunesse de Poincaré jusqu’à son entrée à la Sorbonne, dans une perspective très apologétique. Son ouvrage était le quatrième de la collection « Vocations » dirigée par Henri Mondor, dont l’objectif affiché était « de suivre dans une enfance, dans une jeunesse, la croissance d’une pensée créatrice et l’éveil de la vocation ». Conformément à la volonté d’édification morale de la collection, Bellivier décrivait un surhomme précoce, un génie en devenir se préparant et se fortifiant pour l’appel de sa vocation. L’ouvrage avait été publié dans un contexte favorable pour les études poincaréiennes : les célébrations du centenaire de la naissance de Poincaré en 1954 et l’achèvement de l’édition de ses Œuvres en 1956 avaient en effet contribué à créer un net regain d’intérêt pour sa vie et son œuvre.

Pour réaliser ce travail, Bellivier avait réalisé un premier classement du corpus de jeunesse. Un grand nombre de lettres s’étaient ainsi vues attribuer un code unique – symbolisé par une lettre majuscule et un chiffre (par exemple A01, B3, C23) – dont on peut supposer qu’il correspondait à une organisation chronologique par année (A, B, C) puis par mois, semaines ou jours. À ces codes s’ajoutaient quelques indications manuscrites au crayon de papier, telles que « Séance des cotes », « Condamnation Bazaine », etc.

Ces informations précieuses ont guidé mon travail de classement. Ma première tentative d’organisation chronologique des lettres s’est donc largement appuyée sur elles dans la mesure où elles offraient la possibilité de déceler de grandes périodes dans l’activité épistolaire de jeunesse. Elles se sont cependant avérées insuffisantes à partir du moment où la décision de publier l’intégralité des lettres a été prises. Dans la mesure où les lettres s’enchaînaient et se parlaient les unes aux autres, il n’était en effet pas souhaitable de présenter ce corpus de manière alphabétique, en séparant les lettres d’Aline, d’Eugénie et de Léon Poincaré. Et c’était d’autant moins possible que dans certains cas l’attribution d’un destinataire unique était pour le moins hypothétique. Ainsi, plusieurs lettres commencent par la mention « Ma chère maman » et se terminent par des paragraphes destinés à Aline Poincaré.

Dans ces conditions, un long et fastidieux travail de reclassement a été effectué. Il s’est d’abord basé sur la création d’une base de données informatique recensant l’ensemble des lettres et organisé autour de plusieurs thesaurus temporels ou thématiques. Ce classement informatique a ensuite été révisé manuellement lettre par lettre en constituant des dossiers annuels, saisonniers, mensuels puis hebdomadaires. Enfin, pour les nombreuses lettres « récalcitrantes » une longue enquête a parfois été nécessaire pour les intercaler dans un fil temporel cohérent. Toutes les pistes envisageables ont parfois été mobilisées : références culturelles, anecdotes politiques, événements familiaux, style des lettres, calendrier des examens ou des vacances, registre de langage voire même références à la météorologie du jour. Ce travail n’aurait pas été possible sans l’acharnement et la très grande compétence de Caroline Jullien-Walter qui a repris pendant plusieurs mois l’ensemble des lettres individuellement.

L’enjeu était de reconstituer un récit, c’est-à-dire, de rétablir une forme de continuité dans ce corpus incomplet. Cela induit un principe de lecture plutôt continue. Les appareils critiques ont certes été construits pour permettre une lecture discontinue, temporellement et thématiquement. Cependant mon objectif principal a été de reconstituer une sorte de récit autobiographique. La plupart des éléments du roman autobiographique sont d’ailleurs présents : la narration d’aventures plus ou moins épiques, les étude de mœurs ou de caractères, les analyses de sentiments ou de passions, les représentations du réel ou de diverses données objectives ou subjectives. Le récit autobiographique a été reconstitué avec le souci premier de la cohérence et de l’enchaînement des séquences de narration ; cependant, cette cohérence peut parfois n’être qu’apparente et relever du pur artefact. En tout état de cause c’était probablement le prix à payer étant donnée la nature incomplète de ce corpus.

2. Transcrire

Comme on le verra dans ce volume, les lettres de Poincaré à sa famille sont d’un intérêt inégal et peuvent parfois relever de l’anecdote ou de l’exercice de style potache. Il aurait été parfaitement possible de ne sélectionner que les lettres véritablement importantes… Mais importantes pour quoi et pour qui ? Significatives de quoi ? Quel critère fallait-il mettre en avant pour sélectionner ou écarter certaines lettres ? Les références à des noms connus ? L’évocation d’une activité scientifique ? Les signes d’un éveil scientifique ou d’une vocation irrépressible pour les mathématiques ? Les lettres « intéressantes » ? Aucun de ces critères n’était véritablement satisfaisant et le risque était de tomber indirectement dans des travers biographiques bien connus : téléologisme, psychologisme, causalisme, hagiographie, etc. Un autre critère de sélection aurait pu être la forme matérielle des lettres : parmi les trois cent vingt deux lettres du corpus plus de la moitié est extrêmement difficile à déchiffrer en raison des circonstances dans lesquelles elles ont été écrites (à la hâte, en diligence, en train, etc.). Et l’absence de dates ne faisait que renforcer les difficultés. Cependant, il se trouve que ces lettres problématiques sont aussi souvent les plus intéressantes en termes biographiques et culturels.

En conséquence, j’ai décidé de présenter dans cette édition l’intégralité de la correspondance de jeunesse. Ce livre contient donc toutes les lettres de jeunesse connues à ce jour. Elles sont transcrites intégralement, dans une mise en forme et une mise en page qui se rapprochent le plus possible des documents originaux. Les dessins – cartes géographiques, caricatures, rébus – présents dans certaines lettres ont tous été retravaillés de manière à être intégrés au mieux dans les transcriptions. Les mises en forme particulières (journaux de voyage parodiant la presse quotidienne norvégienne, poèmes, scénettes de théâtres) ont été respectées dans la mesure du possible.

De la même manière, le texte d’origine a été préservé avec le maximum de fidélité : les fautes d’orthographe, rarissimes chez Poincaré, les erreurs sur les noms propres, les imprécisions sur les lieux dits ou les villes n’ont pas été corrigées (il écrit ainsi de manière récurrente le verbe se balader avec deux l). Il en va de même pour les abréviations, très nombreuses dans les lettres des années 1878, qui ont été gardées et, au besoin, explicitées. Pour ne citer que deux exemples : lorsqu’il rencontre Georges Halphen lors de ses études à l’École polytechnique, Poincaré orthographie mal son nom et écrit « Alphen ». Une note rectifie donc son erreur mais le nom est orthographié comme dans la lettre jusqu’à ce que Poincaré ait pris conscience de son erreur. De la même manière, lorsqu’il voyage en Suède et en Norvège durant l’été 1878, Poincaré traverse des localités dont les noms ont changé depuis (Chritiania est ainsi devenue Oslo). Les noms de ces localités ont été conservés dans le texte tout en faisant l’objet d’un commentaire. Enfin, lorsque c’était possible, les ratures ont été préservées.

La seule entorse à cette exigence de fidélité au texte original concerne les majuscules, la ponctuation. J’ai en effet systématiquement utilisé des majuscules accentuées dans un souci d’harmonisation des lettres et des commentaires. La ponctuation si particulière de Poincaré – notamment l’usage intensif des points-virgules – a bien été préservée mais, dans de très rares cas et afin de faciliter la lecture, je me suis parfois autorisé à introduire une virgule ou un point. Il en va de même pour certains sauts de paragraphes que je me suis permis parfois d’introduire discrètement.

Tous ces choix se matérialisent concrètement dans les transcriptions par un système de conventions éditoriales. Lorsque le texte original s’est révélé impossible à transcrire, une indication entre crochets précise l’étendue de la partie illisible. Par exemple : [1 mot illisible], [1 phrase illisible], [1 paragraphe illisible]. Les dates entre crochets constituent quant à elles des estimations. Les abréviations difficilement compréhensibles ont fait l’objet du même traitement entre crochets (par exemple « j’embrasse tlm [tout le monde] »).

Enfin, les termes relevant de l’argot polytechnicien ont été respectés et ont fait l’objet d’une « traduction » spéciale. Dès son entrée à l’École polytechnique Poincaré fait en effet un usage intensif de ce langage privé qui est partiellement dérivé de celui des élèves des classes préparatoires et de l’argot du 19e siècle. Un grand nombre de termes (jodot*, schicksal*, tangente*, zinc*) étant à peu près inconnus du grand public il était nécessaire d’offrir aux lecteurs français, et surtout étrangers, la possibilité de reconstituer au plus près la manière dont Poincaré s’approprie la culture et les usages des polytechniciens. Le lexique proposé à la fin du livre a été élaboré en utilisant essentiellement l’ouvrage d’Albert Lévy et de Gaston Pinet, L’argot de l’X, illustré par les X [G. Pinet & A. Lévy 1894]. Les termes d’argot présents dans le lexique sont systématiquement marqués d’un signe *.

3. Annoter

Afin de ne pas surcharger le lecteur d’informations, j’ai choisi de n’adopter qu’un seul système de notes pour les commentaires des lettres. Ceux-ci apparaissent donc uniquement à la fin de chaque lettre et sont de deux types.

Certaines notes contiennent, de manière ponctuelle, des indications typographiques et sont destinées à faciliter la lecture. Elles peuvent donc donner, selon les cas, des précisions orthographiques, lexicographiques ou toponymiques. Elles peuvent également contenir des indications sur les itinéraires empruntés par Poincaré dans ses voyages, des éléments d’identification pour des personnes dont Poincaré ne cite que les prénoms (Gonzalve, Élie, etc.) ou encore des renvois à d’autres lettres. Enfin, durant quelques mois de l’année 1875, Poincaré échange avec sa sœur des lettres constituées de charades et de jeux de mots en anglais et en allemand. Les passages en anglais n’ont guère posé de problèmes de transcription et ils s’avèrent intéressants pour dater les premiers efforts de Poincaré dans cette langue. Certaines lettres sont d’ailleurs très amusantes. En revanche, les passages en allemand ont posé beaucoup plus de problèmes. Poincaré écrit en effet l’allemand en utilisant l’alphabet gothique dont l’usage s’est maintenant quasiment perdu et la transcription de ces passages a demandé beaucoup d’efforts.

Lettre en allemand (lettre 152)

Les transcriptions ont été faites par Françoise Willmann et Philippe Séguin en essayant autant que possible de rendre compte des lacunes de Poincaré en allemand. Une traduction de ces passages en allemand a été ajoutée dans les notes afin de permettre aux lecteurs non germanophones de pouvoir les comprendre. En revanche, pour ce qui concerne les passages en anglais j’ai jugé que l’ajout de leur traduction alourdirait considérablement l’appareil éditorial et j’ai donc considéré qu’ils pouvaient se suffire à eux-mêmes.

La seconde catégorie d’annotation concerne plus spécifiquement les éléments d’informations susceptibles de faciliter la compréhension de certains passages. Les notes de ce type proposent des éclairages sur les personnes citées, les événements familiaux ou les références à l’actualité sociale, politique ou culturelle. Dans la mesure où cette correspondance constitue une source inestimable pour reconstituer l’univers social et culturel de Poincaré et de sa famille, chaque personne citée dans les lettres a donc fait l’objet d’une recherche biographique systématique. Poincaré cite évidemment les noms d’un grand nombre de camarades de promotion à l’École polytechnique. Leur identification n’a pas posé de problèmes majeurs grâce aux registres en ligne de la « famille polytechnicienne ». Il fait également de très nombreuses références à sa famille et à des familles amies, dont certaines ont en revanche laissé peu de traces. Les recherches ont été bien plus difficiles et elles ont parfois échoué, en particulier lorsque les informations disponibles étaient insuffisantes (par exemples les prénoms des personnes). Ainsi, malgré les nombreuses références dans les lettres, je ne suis pas parvenu à identifier précisément les acteurs des familles Valette, Vallet, Arnault et, par conséquent, les éléments d’identification que je propose sont parfois relativement hypothétiques. Enfin, Poincaré cite de très nombreux comédiens, artistes, hommes politiques ou intellectuels bien connus dans les années 1870. L’identification de ces acteurs était doublement nécessaire : elle permettait non seulement de reconstituer l’univers culturel dans lequel Poincaré évoluait dans ses jeunes années mais également d’ouvrir des pistes fécondes pour la datation des lettres. L’équilibrage de l’intensité de ces recherches s’est fait sur la base d’un facteur d’occurrences, à quelques exceptions près. Ce travail d’annotation relève donc en grande partie d’une entreprise de biographie de masse : la première mention d’une personne dans une lettre donne donc lieu à une note biographique la concernant et le système d’index permet ensuite de retrouver les occurrences du même nom dans l’ensemble du corpus.

Ces recherches biographiques ont parfois demandé un temps très important et elles ont mobilisé des sources très variées qu’il serait trop long de citer intégralement : pour certains acteurs très proches de Poincaré – certains membres de sa famille ou ses amis Élie Rinck et Gonzalve Olleris – j’ai utilisé leurs dossiers de carrière conservés aux Archives nationales. Je me suis également appuyé sur des documents puisés lors de recherches menées dans les Archives de l’Académie des sciences, de l’École polytechnique ou du Service historique de la Défense. Pour d’autres membres proches de Poincaré, le journal de souvenirs de la sœur d’Henri Poincaré, Vingt ans de ma vie – simple vérité, a constitué une ressource très précieuse dans la mesure où il contient de nombreuses informations sur la vie de la famille Poincaré dans les années 1850-1870. Cet ouvrage m’a également permis de décoder certaines anecdotes très opaques présentes dans les lettres. J’ai également fait un usage intensif de nombreux dictionnaires biographiques (parlementaires, rabbins, noblesse, professeurs du Collège de France, etc.) et autres annuaires départementaux. Enfin, toutes les ressources mobilisables sur internet ont été utilisées, des catalogues de bibliothèques aux sites de généalogie en passant parfois par des sites célèbres de vente d’ouvrages en ligne. Au-delà de la biographie, mon travail d’annotation a aussi porté sur l’explicitation de certains passages des lettres : beaucoup relèvent simplement de l’anecdote ou de la chronique familiale, d’autres concernent des événements culturels ou politiques plus ou moins familiers pour le lecteur contemporain. J’ai tenté d’équilibrer au mieux ces annotations avec le souci constant d’éclairer le lecteur et de reconstruire l’environnement social, culturel, intellectuel, politique de Poincaré.

Mon souci a été d’éviter tout exercice d’érudition stérile. Ces efforts n’ont cependant pas toujours produit des résultats probants et plusieurs passages de cette correspondance demeureront sans doute peu intelligibles, en particulier les jeux de mots, les plaisanteries, les rébus ou, comme on l’a vu, les développements en anglais et en allemand.

Afin d’autoriser différents niveaux de lecture, j’ai élaboré plusieurs outils de recherche. Outre la bibliographie générale de l’ouvrage et le lexique de l’argot polytechnicien, l’ouvrage comporte un Index nominum recensant tous les noms de personnes citées dans les lettres ou dans les notes (page 413). Cet index recense près de mille deux cents acteurs parmi lesquels environ sept cent cinquante sont explicitement cités par Poincaré dans ses lettres. Poincaré évoque de manière récurrente des familles amies, ainsi que des personnes qu’il identifie sans plus de détails comme Monsieur, Madame ou Mademoiselle X. Lorsque l’identification de ces personnes s’est avérée impossible ils ont été entrés dans l’index sous la double forme « Monsieur X » et « X (Monsieur) » (par exemple : « Darboy (Madame) » et « Madame Darboy ». En ce qui concerne les nombreuses femmes citées dans les lettres, j’ai fait le choix, lorsque c’était possible, de prendre en compte le nom de jeune fille et le nom de mariage. Cela implique une double indexation : ainsi la sœur de Poincaré est indexée sous la forme « Poincaré, Aline (Aline Boutroux) » et sous la forme « Boutroux, Aline (née Poincaré) ».

L’Index nominum est complété par un Index rerum qui offre la possibilité de repérer différents thèmes généraux ou lieux cités dans tout l’ouvrage (page 429). Pour les thèmes récurrents, des entrées générales ont été créées afin d’offrir une granularité plus fine aux chercheurs. En outre un second index thématique est consacré au contenu des seules lettres (page 433). Il offre un degré de précision encore plus grand pour reprérer des événements précis relatés par Poincaré : les colles et les examens, les vacances, les sorties au théâtre, les visites familiales et mondaines, etc. Enfin, un dernier index recense les titres des œuvres citées par Poincaré avec leurs auteurs (page 435).

L’ouvrage se clot avec trois sections qui donnent respectivement une liste des lettres classées par correspondants (page 437), une liste chronologique des lettres (page 447) puis une table des illustrations de l’ouvrage (page 457).